Aujourd'hui, c'est la rentrée. Jour tant attendu par certains, tant
craint par d'autres. Il va y avoir des cris de joie, ainsi que des
pleurs. Les petits monstres vont devoir de nouveau se mettre au
garde-à-vous devant les maîtres et les maîtresses. Marche au pas à
l'école, marche au pas ensuite à l'armée ou à l'entreprise... Ainsi
fonctionne la société, me direz-vous, et vous n'avez pas tort. J'ai
longtemps marché au pas moi-même, étant obéissant et bien discipliné.
Jusqu'à la déraison... Le dérèglement de ma personne...
Je ne
travaille plus, je suis dans la dèche la plus totale, mais je me sens
heureux malgré tout, car je n'ai plus cette obligation de me lever
chaque matin, tel un petit soldat du capitalisme triomphant. J'en paie
le prix, je n'ai plus le confort matériel d'autrefois, mais cela importe
peu. Seule compte cette liberté acquise au forceps, sans doute éphémère
telle un papillon car les démons de la réalité finiront par me
rattraper. J'en profite pour l'instant présent, et si tous les petits
soldats en faisaient de même, le système s'écroulerait faute de
combattants. Cette guerre économique absurde, ce massacre prendrait
fin...
Je sais que je suis utopiste, mais à quoi bon s'enfermer dans
des délires consuméristes sans autre passion que d'avoir le même
téléviseur que son voisin, ou une plus belle voiture? Rêvons, camarades
!!! Rêvons...
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